Si vous prenez un médicament pour le diabète de type 2, vous avez peut-être déjà entendu parler des inhibiteurs SGLT2. Ce sont des pilules comme canagliflozine, dapagliflozine, empagliflozine ou ertugliflozine. Elles aident à faire baisser la glycémie en envoyant le sucre excédentaire dans les urines. C’est efficace. Et elles protègent aussi le cœur et les reins. Mais il existe un risque rare, pourtant très grave : la gangrène de Fournier.
Qu’est-ce que la gangrène de Fournier ?
C’est une infection bactérienne qui détruit les tissus de la région génitale, périnéale ou anale. Elle progresse à une vitesse effrayante - parfois en quelques heures. Les bactéries attaquent les muscles, la peau et les tissus sous-cutanés, les tuant progressivement. C’est une urgence médicale. Sans traitement immédiat, la mort peut survenir.
Elle touche surtout les hommes, mais pas uniquement. En Europe, environ un tiers des cas ont été observés chez des femmes. Le diabète est un facteur de risque majeur, car il affaiblit le système immunitaire et endommage les petits vaisseaux. Mais prendre un inhibiteur SGLT2 augmente ce risque, même si l’incidence reste très faible.
Le lien entre SGLT2 et la gangrène de Fournier
Les inhibiteurs SGLT2 ne causent pas directement l’infection. Ils créent les conditions idéales pour qu’elle se développe. Comment ? En faisant expulser beaucoup de glucose dans les urines. Ce sucre dans l’urine devient un repas pour les bactéries. Elles se multiplient rapidement près de l’urètre, du pénis, du scrotum ou du vagin. Cela peut entraîner une infection locale, comme une candidose, mais parfois, les bactéries pénètrent plus profondément, dans les tissus sous-jacents.
Le sucre dans les urines crée aussi un déséquilibre osmotique. Les cellules des tissus perdent de l’eau, ce qui les affaiblit. Et le diabète lui-même diminue la capacité du corps à combattre les infections. Ensemble, ces facteurs forment un cocktail dangereux.
Entre 2013 et 2018, l’Agence américaine du médicament (FDA) a recensé 12 cas de gangrène de Fournier liés à ces médicaments. Depuis, le nombre a augmenté. En 2024, les données montrent environ 1,9 cas pour 100 000 patients traités par an. Cela semble peu. Mais quand on parle de mort, même un risque faible mérite une attention extrême.
Les signes d’alerte à ne jamais ignorer
La clé pour survivre à une gangrène de Fournier, c’est de la détecter très tôt. Les premiers signes sont souvent confondus avec une simple infection ou une irritation. Voici ce qu’il faut surveiller :
- Une douleur intense, soudaine, dans les parties génitales ou l’anus - plus forte qu’une simple brûlure ou une cystite
- Une rougeur, un gonflement ou une chaleur anormale dans la région
- Une peau qui devient noire, bleuâtre ou marbrée - signe de nécrose
- Une fièvre, des frissons, ou une sensation générale de malaise
- Une odeur fétide provenant de la zone affectée
- Une difficulté à uriner ou à déféquer
Si vous avez un de ces symptômes, et que vous prenez un inhibiteur SGLT2, ne perdez pas une minute. Ne vous dites pas « ça va passer ». Ne cherchez pas sur Internet. Ne prenez pas un antibiotique en vente libre. C’est une urgence vitale.
Que faire en cas de suspicion ?
Voici la procédure à suivre immédiatement :
- Arrêtez de prendre votre inhibiteur SGLT2 - dès que vous soupçonnez une infection.
- Allez aux urgences - pas à votre médecin traitant, pas à une clinique. Directement à l’hôpital le plus proche.
- Précisez au personnel médical : « Je prends un inhibiteur SGLT2 et je pense avoir une gangrène de Fournier. »
- Ne demandez pas de délai. Exigez une évaluation rapide. Chaque heure de retard augmente le risque de mort de 9 %.
Le traitement, lui, est brutal mais nécessaire : des antibiotiques puissants par voie intraveineuse, et une chirurgie d’urgence pour enlever les tissus morts. Parfois, il faut enlever des parties du corps. C’est horrible à entendre, mais c’est ce qui vous sauve la vie.
Qui est le plus à risque ?
Le risque n’est pas égal pour tout le monde. Les personnes les plus vulnérables sont :
- Les hommes diabétiques, surtout s’ils ont déjà eu des infections génitales répétées (mycoses, balanites)
- Ceux qui ont une glycémie mal contrôlée (HbA1c > 9 %)
- Les personnes avec un système immunitaire affaibli - par le diabète, le vieillissement, ou un traitement comme la chimiothérapie
- Ceux qui ont des problèmes d’hygiène ou une obésité abdominale
Les femmes sont moins touchées, mais pas à l’abri. Si vous êtes une femme diabétique et que vous ressentez une douleur inhabituelle dans le vagin ou l’anus, parlez-en à votre médecin - surtout si vous prenez un inhibiteur SGLT2.
Doit-on arrêter le médicament ?
Non. Pas pour tout le monde.
Les inhibiteurs SGLT2 réduisent les risques d’insuffisance cardiaque, de maladie rénale et de décès prématuré chez les diabétiques. Pour la plupart des patients, les bénéfices l’emportent largement sur le risque de gangrène de Fournier.
Si vous n’avez jamais eu d’infection génitale, que votre diabète est bien contrôlé, et que vous n’avez pas d’autre facteur de risque, vous pouvez continuer le traitement. Mais vous devez être vigilant. Parlez-en à votre médecin. Il faut que vous sachiez exactement quels symptômes surveiller.
En revanche, si vous avez eu une mycose récurrente, ou si votre taux d’HbA1c est souvent au-dessus de 9 %, votre médecin pourrait envisager un autre type de traitement. Il n’y a pas de honte à changer de médicament. Votre santé vaut plus que la fidélité à une pilule.
Les autorités sanitaires ont-elles réagi ?
Oui. Très clairement.
En 2018, la FDA a imposé une alerte rouge - une « boîte noire » - sur tous les inhibiteurs SGLT2. C’est la plus haute alerte de sécurité. En Europe, l’EMA a fait de même. En France, l’ANSM et l’Agence nationale de sécurité du médicament ont diffusé des notices mises à jour. Tous les professionnels de santé doivent informer les patients avant de prescrire ces médicaments.
Les pharmacies en France doivent désormais inclure un avertissement écrit dans la notice. Et les médecins doivent en discuter explicitement lors de la première prescription. Ce n’est plus une information cachée. C’est une obligation.
Que faire après avoir survécu à une gangrène de Fournier ?
Si vous avez eu cette infection, vous ne devrez plus jamais prendre d’inhibiteur SGLT2. C’est définitif. Le risque de récidive est trop élevé.
Vous aurez besoin d’un suivi à long terme : contrôle de la glycémie, soins des plaies, rééducation physique, et parfois des interventions esthétiques ou reconstructives. Votre médecin traitant, votre endocrinologue et votre chirurgien devront travailler ensemble.
Et vous devez devenir votre propre veilleur. Apprenez à reconnaître les signes d’infection. Gardez une bonne hygiène. Contrôlez votre glycémie. Et ne prenez jamais un autre médicament pour le diabète sans en parler à votre médecin.
Et maintenant ?
La science continue d’étudier ce risque. Des outils de prévision sont en développement : des algorithmes qui identifient les patients à haut risque en fonction de leur historique médical, de leur glycémie, de leur âge et de leur poids. Dans le futur, les médecins pourront dire : « Vous êtes à risque. On change de traitement. »
En attendant, voici ce que vous devez retenir :
- Les inhibiteurs SGLT2 sont utiles, mais pas sans risque.
- La gangrène de Fournier est rare, mais mortelle.
- Les premiers signes sont souvent bénins - mais ils ne le sont pas.
- Si vous avez mal, rougissez, gonflez ou avez de la fièvre - allez aux urgences.
- Ne vous arrêtez pas à la peur. Agissez avec clarté.
Le diabète est une maladie chronique. Mais il ne doit pas vous empêcher de vivre. Avec les bons outils, les bons conseils, et une vigilance éclairée, vous pouvez rester en bonne santé - même en prenant ces médicaments.
Dominique Faillard
novembre 3, 2025 AT 22:36Franchement, j'ai lu cet article et j'ai failli lâcher mon café. C'est pas un médicament, c'est une bombe à retardement avec une notice en 12 langues. J'ai un pote qui a pris la canagliflozine et il a eu une mycose pendant 6 mois. Il croyait que c'était normal. Tu vois ce que je veux dire ? Ce truc, c'est comme une BMW avec un moteur qui explose si tu roules à 80 km/h. Et ils te disent 'c'est rare'. Oui, mais quand ça arrive, t'es mort. J'arrête tout ça.
Jonette Claeys
novembre 4, 2025 AT 22:37Oh bien sûr, parce que les pharmas sont des démons. Tu crois que si les SGLT2 étaient dangereux, on les aurait autorisés ? Tu penses que les médecins sont des idiots ? Non, c'est juste que t'as pas lu la fin du paragraphe : 'le risque est de 1,9 pour 100 000'. C'est moins que de se faire frapper par un éclair. Mais bon, si tu veux croire que ton pilule te tue, vas-y. Moi je préfère vivre 10 ans de plus que d'avoir peur de mon urinaire.
Julia Kazis
novembre 6, 2025 AT 16:35La gangrène de Fournier... c'est comme si le corps décidait de faire un nettoyage de printemps, mais en mode apocalypse. Le sucre dans les urines, c'est le menu du jour pour les bactéries, un buffet à volonté. Et notre corps, en pleine crise d'identité diabétique, ne sait plus s'il doit combattre ou faire la sieste. C'est tragique. Et pourtant, c'est beau, dans un sens : la nature ne fait pas de compromis. Elle ne dit pas 'ah mais tu es diabétique, on va te laisser passer'. Non. Elle dit : 'tu as ouvert la porte, alors maintenant, tu paies'. La médecine moderne tente de négocier avec cette loi. Parfois, elle gagne. Parfois, elle perd. Et quand elle perd... c'est brutal. Alors oui, soyez vigilants. Mais ne laissez pas la peur vous voler votre vie. La vie, c'est un équilibre. Pas une guerre.
Poppy Willard
novembre 8, 2025 AT 15:54Je tiens à signaler une erreur de typo dans l'article : 'ertugliflozine' est correctement orthographié, mais dans le paragraphe sur les signes d'alerte, le mot 'nécrose' est écrit avec un accent aigu sur le 'e' alors qu'il devrait être avec un accent grave. Cela pourrait induire en erreur les lecteurs non natifs. De plus, la structure grammaticale de la phrase 'Ne demandez pas de délai. Exigez une évaluation rapide.' manque de nuance. Une formulation plus diplomatique serait plus efficace dans un contexte médical. La précision linguistique est essentielle pour la sécurité des patients.
James Camel
novembre 8, 2025 AT 17:20Je suis infirmier et j'ai vu deux cas de gangrène de Fournier en 15 ans. Tous les deux ont été sauvés parce qu'ils sont arrivés en 2 heures. Pas 4. Pas 6. 2 heures. Le truc c'est que tout le monde pense que c'est une infection de merde et qu'il va se calmer. Non. C'est un feu de forêt dans ton entrejambe. Arrête de chercher sur Google. Va à l'hôpital. Dis aux gars 'je prends un SGLT2'. Ils savent ce que ça veut dire. Et si t'as un doute même minime ? Va quand même. Mieux vaut être un con qui a couru pour rien que un héros mort.
Neysha Marie
novembre 9, 2025 AT 01:16OH MON DIEU J'AI EU UNE MYCOSE EN JANVIER ET JE PRENDS DAPAGLIFLOZINE J'AI FAIT L'ERREUR DE ME DIRE 'C'EST NORMAL' MAIS JE SUIS VIVANT ET JE TE REMERCE JE SUIS EN TRAIN D'ARRÊTER MON MÉDICAMENT MAINTENANT ET JE T'ENVOIE UN PAIN D'ÉPICES VIRTUEL POUR T'EN FAIRE UNE FÊTE
Claire Drayton
novembre 10, 2025 AT 03:27Je prends ça. J'ai eu une infection. J'ai arrêté. J'ai vu le médecin. Tout va bien. Mais je sais maintenant. Et toi aussi.
Jean Rooney
novembre 10, 2025 AT 08:08En France, nous avons des normes sanitaires rigoureuses. L'ANSM ne tolère pas la négligence. Ceux qui paniquent sans raison sont des irresponsables. Ceux qui ignorent les avertissements sont des suicidaires. Ceux qui critiquent les médicaments sans comprendre la balance bénéfice/risque sont des ignorants. La science ne se débarrasse pas d'un traitement parce qu'il est rarement dangereux. Elle l'encadre. Et elle le surveille. Ceux qui veulent supprimer les SGLT2 ne comprennent pas la médecine moderne. Ils veulent revenir à l'âge de pierre. Avec des herbes et des prières. Ce n'est pas la France. Ce n'est pas la médecine. C'est la peur. Et la peur tue plus que les pilules.